21 août 2006

La PLUME métallique


Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas ce monde fabuleux des plumes d’écriture. C’est bien normal, je l’ai découvert, moi-même, tout à fait par hasard.
Les plumes que nous connaissons généralement sont ;
- la « Sergent-Major » la « Gauloise » et à la rigueur, la « Gloire de Boulogne » et j’oublie peut-être, la plume appelée « à la ronde » pour l’écriture gothique.
Je n’ai pas la prétention, ici, de vous retracer toute l’histoire de l’invention de la plume. Ce serait impossible puisque même les avis des experts diffèrent sur les dates et les lieux.
Si le sujet vous intéresse vraiment, je vous conseille de consulter l’ouvrage de Jean-Pierre LACROUX & Lionel VAN CLEEM
« La mémoire des Sergent-Major » C’est la référence en la matière. Vous y découvrirez toute son histoire avec de très belles IMAGES des collections personnelles des auteurs.
Il serait faux, inutile, voire carrément stupide, d’attribuer la création de la plume à un seul personnage ou État, puisqu'on a découvert, lors de fouilles archéologiques, des plumes métalliques en Égypte et même avant...sur d'autres sites archéologiques.
Alors que le Calame (roseau taillé) avait cours, les notables de l’époque, faisaient fabriquer des calames avec des pointes en cuivre par exemple. Ces instruments n’étaient pas pratiques pour l’écriture, mais leurs possesseurs pouvaient se targuer d'avoir des instruments autrement plus précieux que ceux du simple scribe.
La fabrication industrielle des plumes métalliques débuta au Royaume-Uni vers 1825. La France a mis longtemps à comprendre l'importance économique de cette invention. L’aversion contre tout ce qui venait d’Angleterre contribua grandement à freiner les importations de ce pays.
L’Allemagne non plus, n’y croyait pas et a encore réagi bien plus tard que la France.
C'est autour des années 1850/60, que les premières industries françaises se sont créées, notamment à Boulogne-sur-Mer, par François Lebeau. Ces industries ont été reprises ensuite par les deux gendres de M.-F. Lebeau : C. Baignol et F. Farjon, ce sont eux qui ont créé la marque « Baignol & Farjon » que tous les Français connaissent.
Les plumes ont, dans 99,8 % des cas, des références gravées ou plutôt frappées, sur leur talon (partie opposée au bec) Il s’agit généralement de la marque du Fabricant ou parfois du Distributeur. Le nom et la référence de la plume sont souvent notés. Le lieu de fabrication et quelquefois aussi l’année de fabrication codée ou non.
Les références se lisent toujours la pointe dirigée vers la gauche. C’est une règle absolue, je n’ai jamais vu, une seule plume avec la légende marquée dans l’autre sens. Par contre, j’en ai vues dont l’inscription était sous le talon, dans le creux de la plume au lieu d’être au dessus. Quelques malins vont me rétorquer que la plume à double bec est aussi une exception ! Bravo, bien vu !
Les métaux utilisés étaient très variés. L’Acier trempé dominait bien entendu, mais il y avait aussi, d’autres métaux comme l’inox, le cuivre, le bronze, le laiton, l’or, l’argent, le tungstène, l’iridium, le vanadium (pour les parties spécifiques). La fabrication n’en était pas si simple, il fallait allier, souplesse, durabilité, dureté, solidité, adaptabilité et esthétique ! Toutes ces qualités donnaient des arguments aux vendeurs pour se différencier des autres marques et augmenter leurs chiffres d’affaires.
Il y avait, bien entendu, les irréductibles de la plume d’oie ! Certains n’hésitaient pas à proclamer qu'il s'agissait-là d'une invention du diable ! Pensez donc une plume en fer ! La plume d’oie avait été utilisée pendant près de 3 Siècles ! c’est dire qu’il a fallu batailler pour la détrôner…Au début, la plume était plus longue et n’avait donc aucun besoin de porte-plume, elle remplissait les 2 fonctions en une seule pièce. Plus tard, on comprit que l’on pouvait réduire le prix de revient en diminuant la matière première. On ne fabriquait alors plus que la plume, sans son support.
Les différentes étapes de la fabrication d'une plume sont nombreuses : Découpage ou estampage des tôles, ceintrages, frappe des références, estampages des orifices, sciage de la fente, ébavurage, meulages, traitements de dureté, polissage, vernissage couleur, nettoyage, rinçage et séchage et mise en boîtes... (Ah ! les Boîtes, ce sera pour un autre jour...)
Les ingénieurs déposèrent de nombreux brevets. On améliorait sans cesse pour protéger la plume des encres corrosives pour augmenter la rétention d'encre sur la plume en permettant ainsi de devoir tremper moins souvent, la plume dans l'encrier. Ou si vous préférez pour permettre d'écrire plus de mots avec une seule "trempette" et éviter ainsi de perdre le fil de son inspiration.
A la fin du 20 ème Siècle, le "Syphoïde" fut inventé, l'ancêtre du stylo à plume en somme, mais ça c'est encore une autre histoire que je vous raconterai une autre fois...
Sur un tableau que j'ai créé, j'ai collecté quelques noms amusants de plumes, je vous le présenterai bientôt...avec les principales marques qui ont eu cours durant les cent ans de la durée de vie de la plume métallique.
Si l'on trouve à nouveau, aujourd'hui, quelques modèles de plumes dans certains magasins spécialisés de l'écriture, cela n'a plus aucun rapport avec les centaines de milliers vendues jusque dans les années 1950/60 là, où le stylo à bille a fait son apparition à grande échelle.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, merci pour ce texte intéressant. Auriez-vous des références bibliographiques au sujet de la fabrication des plumes ? (par exemple, vous mentionnez le sciage de la fente, alors que wikipedia mentionne une découpe à la presse)

Rolka a dit…

Bonjour et merci de votre intérêt pour mon Blog.
Vous avez raison, il s'agit de cisaillage. Je viens de relire l'article sur la fabrication de la fente de la plume page 68 et 69 de l'ouvrage "La mémoire des Sergent-Major" La fente se pratique sur une presse à vis munie de 2 lames en acier trempé très résistant, aiguisées aussi finement que des rasoirs et fonctionnant comme des cisailles. C'est une opération très complexe qui s'effectue à la fin de la fabrication et qui multiplie les risques de malfaçon.
Je vais essayer de corriger ce point dans le texte.
Pour les références des bibliographiques, je possède uniquement sur cet ouvrage que je viens de citer plus haut et qui montre des gravures de l'Usine de Boulogne-sur-Mer. Si vous le souhaitez, je pourrais vous faire parvenir des copies de l'article. Pour éviter le risquer de polluer mon PC, je vous demanderai de noter mon adresse mail et dès que vous aurez pris note, je supprimerai le message. Vous m'enverrez un Mail.
Bien cordialement.

Rolka a dit…
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