24 août 2007

Un autre genre de vacances...

En 1946, je fus, comme pas mal de copains, placé dans une famille (on appellerait ça aujourd'hui une famille d'accueil temporaire "FAT" on abrège tout de nos jours !) Le but était de nous requinquer après la dure période de la guerre que nous avions vécue et qui nous avait privé d'une alimentation normale. C'était généralement pour une période de 3 ou 4 mois.
Nous avons été transportés par "autobus" nous étions "distribués" un à un dans différentes localités et chacun descendait au fur et à mesure de sa destination prévue. Tout doucement le car se vidait, j'attendais avec un peu d'anxiété mon tour...Un responsable m'appela par mon nom à l'entrée d'Ornans, tandis que le car ralentissait. Deux femmes assez âgées (me semblait-il à l'époque), tout de noir vêtues m'attendaient. On me confia alors à ces personnes qui n'arrêtaient pas de me serrer et de me couvrir de bises (là, déjà, je plaisais beaucoup ! rires) Je n'étais pas particulièrement enchanté d'atterrir ici et de devoir accompagner ces deux femmes si tristement habillées. Mais je n'avais pas le choix, elles m'emmenèrent donc dans leur ferme ou dans ce qui devait en être une, il y a encore peu de temps.
Nous étions au mois d'août, leur maison était bien fraîche, on me servit une boisson, avec un grand sourire, ce qui me mettait un peu plus à l'aise...La pièce était sombre, pratiquement sans fenêtre digne de ce nom, juste un trou carré dans le mur, je ne sais même pas s'il y avait un vitrage...Bref, cela ne démarrait pas trop bien pour moi.
Imaginez-vous en gamin de 9 ans, seul, dans une région qu'il ne connaît pas, sans copains, sans parents, sans même une personne que vous connaissez, dans un endroit plutôt tristounet et pour longtemps, très longtemps...
J'étais arrivé vers midi et l'on commençait à me préparer une omelette sur le fourneau tout noir (lui aussi) où la seconde dame activait le feu de bois avec un tisonnier... quand soudain, quelqu'un toquait à la porte d'entrée, tout en appelant le nom de la propriétaire,
- Madame C...?
- Oui !? qu'est-ce que c'est ?
Celle qui ne s'occupait de la cuisine se dirigea vers la porte et s'ensuivit...une discussion dont le sens m'échappait...j'étais trop éloigné. De temps en temps, je jetais un coup d'oeil du coté de la porte et dressais l'oreille pour essayer de comprendre ce qui se passait... Le ton montait en vagues successives...C'est ainsi que j'arrivais à capter quelques mots, je compris alors que l'on parlait de moi ! Je n'avais pas remarqué tout de suite que les visiteurs étaient deux. L'un d'eux montrait une feuille de papier à Madame C...la seconde dame avait rejoint la première (j'appris plus tard qu'elles étaient soeurs)
La discussion s'amplifiait, les deux visiteurs semblaient prendre le dessus...Un peu plus tard, les deux soeurs vinrent vers moi, les larmes aux yeux, et me prenant tour à tour dans leurs bras en me disant que je ne pouvais malheureusement pas rester avec elles, qu'il y avait eu une erreur d'adresse (aujourd'hui "dispatching" !) et que je devais repartir avec les responsables du placement pour une autre maison ! Quelle histoire !!! Une erreur de distribution ! vous vous rendez compte !?!
Je n'étais pas sorti de l'auberge...mais j'étais au moins sorti de cette endroit très sombre. En rejoignant les 2 personnes à l'extérieur avec mon baluchon, je fus complètement aveuglé par le clarté du dehors Je clignais des yeux afin de dévisager ceux qui allaient m'emmener ailleurs. J'essayais de leur trouver une ressemblance avec quelqu'un que j'avais déjà vu auparavant ou durant le trajet dans le car, il me semblait reconnaître la chevelure de la femme blonde. La femme était rassurante et m'expliqua ce qui s'était passé. L'homme ne semblait pas particulièrement aimable, probablement encore énervé par ce qui s'était passé et par les arguments qu'il avait dûs avancer pour convaincre les deux soeurs de me relâcher ! (à suivre...)

Aucun commentaire: